Imaginez la possibilité de reproduire fidèlement des photographies et illustrations complexes avec un ensemble limité de seulement quatre encres. C'est la prouesse technique qui sous-tend l'impression couleur moderne, rendue possible par l'alliance du magenta, du cyan, du jaune, et du noir (CMJN). Ces couleurs, combinées avec précision, constituent le socle de la reproduction d'une vaste majorité des images que nous côtoyons quotidiennement. Le système CMJN permet une flexibilité et une qualité d'impression inégalées dans divers domaines.

Nous allons procéder à une analyse détaillée de son fonctionnement, mettre en lumière son rôle absolument fondamental dans la reproduction fidèle des couleurs sur une multitude de supports d'impression, et évaluer de manière critique ses atouts et ses limites. Nous aborderons les principes de base de manière claire et accessible, avant de plonger dans des aspects plus techniques et pointus. Comprendre les nuances de l'impression CMJN est crucial pour tout professionnel du design graphique et de l'impression.

La synthèse soustractive : le secret des couleurs MCJ

Afin de saisir pleinement les mécanismes de l'impression couleur, il est impératif de comprendre le concept fondamental de synthèse soustractive. Contrairement à la synthèse additive, largement utilisée dans les écrans, la synthèse soustractive s'appuie sur le principe d'absorption sélective de la lumière. Une distinction claire entre ces deux approches est essentielle. L'impression digitale et offset bénéficient des avancées dans la synthèse soustractive, permettant une reproduction colorimétrique précise.

Synthèse additive vs. soustractive

La synthèse additive, prédominante dans les écrans d'ordinateurs, de télévisions, et de smartphones, repose sur la combinaison de différentes couleurs de lumière, principalement le rouge, le vert et le bleu (RVB), afin de générer une large palette de couleurs. L'addition des trois couleurs primaires à leur intensité maximale résulte en la production de lumière blanche. Chaque pixel d'un écran est constitué de ces trois sous-pixels, et la variation de l'intensité de chacun permet d'obtenir une couleur distincte. Cette technologie est au cœur des écrans haute définition, offrant une expérience visuelle riche et immersive. La synthèse additive est particulièrement efficace pour les supports lumineux, où la couleur est créée par l'émission de lumière.

La synthèse soustractive, en revanche, se fonde sur l'absorption sélective de certaines longueurs d'onde de la lumière par des pigments spécifiques. Lorsqu'une source de lumière blanche éclaire une surface recouverte de pigments, ces derniers absorbent une portion du spectre lumineux et réfléchissent le reste. La couleur perçue est ainsi le résultat direct de la lumière réfléchie par le pigment. En mélangeant différentes couleurs de pigments, on soustrait progressivement des portions du spectre lumineux, ce qui modifie la couleur observée. Un mélange de pigments qui absorberait la totalité du spectre lumineux apparaitrait alors noir. La qualité des pigments utilisés influence directement la fidélité des couleurs obtenues en synthèse soustractive. Le choix du bon pigment est donc essentiel pour un résultat optimal.

Focus sur la synthèse soustractive

Dans le contexte de l'impression CMJN (Cyan, Magenta, Jaune, Noir), les encres de ces couleurs agissent comme des filtres colorés qui absorbent des portions spécifiques du spectre lumineux. Le cyan absorbe principalement le rouge, le magenta absorbe principalement le vert, et le jaune absorbe principalement le bleu. En modulant les proportions de ces encres, il devient possible de recréer une gamme étendue de couleurs. Il est important de noter que la couleur finale perçue résulte de la partie du spectre lumineux réfléchie par les encres, et non de celle absorbée. De ce fait, la qualité de la source lumineuse qui illumine le support imprimé a une influence significative sur la perception des couleurs. L'équilibre entre le cyan, le magenta et le jaune est crucial pour obtenir des impressions colorées de haute qualité. La maîtrise de la synthèse soustractive est donc essentielle pour tout professionnel de l'impression.

  • Cyan absorbe le rouge : essentiel pour les teintes bleues et vertes (impression couleur).
  • Magenta absorbe le vert : crucial pour les teintes rouges et violettes (impression couleur).
  • Jaune absorbe le bleu : important pour les teintes jaunes et orangées (impression couleur).

Considérez une feuille de papier d'un blanc immaculé, éclairée par une source lumineuse. La lumière blanche contient l'ensemble des couleurs spectrales visibles par l'œil humain. Si une fine couche d'encre cyan est appliquée sur cette feuille, l'encre va sélectivement absorber la composante rouge de la lumière blanche. Seules les composantes bleue et verte seront réfléchies, conférant à la feuille une apparence cyan. Ce phénomène est analogue à l'action d'un filtre qui bloque sélectivement la lumière rouge. La qualité de l'encre cyan est déterminante pour la pureté de la couleur finale. Le cyan est une couleur fondamentale dans l'impression en quadrichromie, jouant un rôle clé dans la reproduction des détails et des nuances.

Le rôle de la lumière blanche se révèle donc primordial. Elle constitue la source de toutes les couleurs qui seront ultérieurement filtrées par les encres MCJ. En l'absence de lumière blanche, aucune couleur ne serait perceptible. La couleur que nous observons est donc le résultat de la lumière réfléchie par le support d'impression, lequel est éclairé par une source de lumière blanche. La température de couleur de la source lumineuse a également une influence sur la perception des couleurs imprimées. Sous une lumière chaude (dominante jaune), les couleurs apparaîtront différentes par rapport à une lumière froide (dominante bleue). La lumière joue un rôle crucial dans la fidélité de l'impression couleur.

Les couleurs primaires soustractives : MCJ en détail

Le modèle CMJN (Cyan, Magenta, Jaune, Noir) repose sur trois couleurs primaires soustractives : le cyan, le magenta, et le jaune. Chacune de ces couleurs possède des caractéristiques uniques et joue un rôle indispensable dans la reproduction de la totalité du spectre colorimétrique. Le CMJN est une norme dans l'industrie de l'impression, offrant une large gamme de couleurs reproductibles.

Cyan

Le cyan, souvent décrit comme un bleu-vert, est une couleur qui absorbe majoritairement la composante rouge de la lumière blanche. Il réfléchit les composantes bleue et verte, ce qui lui confère sa teinte distinctive. En impression, le cyan est utilisé pour créer des nuances de bleu, de turquoise, et des verts plus clairs. La quantité de cyan utilisée dans une impression influence directement l'intensité de ces nuances. Une encre cyan de qualité est cruciale pour éviter les dérives colorimétriques et garantir des impressions fidèles. Le cyan est essentiel dans la reproduction des dégradés et des aplats de couleur. L'utilisation du cyan est omniprésente dans l'impression de documents, des affiches aux brochures.

Par exemple, une faible concentration de cyan peut produire un bleu ciel délicat et subtil, tandis qu'une concentration plus élevée résultera en un bleu profond et intense. Dans le domaine de l'impression de photographies de paysages marins, le cyan se révèle être un élément indispensable. La pureté des encres cyan est primordiale. Une encre cyan de haute qualité doit absorber efficacement la composante rouge sans altérer significativement les composantes bleue et verte. Un cyan impur pourrait introduire des nuances indésirables et compromettre la fidélité de la reproduction des couleurs. Les encres cyan de qualité supérieure garantissent une stabilité colorimétrique et une résistance à la décoloration. La calibration précise des machines d'impression est essentielle pour optimiser l'utilisation du cyan et des autres couleurs CMJN.

Magenta

Le magenta est une couleur qui absorbe principalement la composante verte de la lumière blanche. Il réfléchit les composantes rouge et bleue, ce qui lui confère sa teinte distinctive, un mélange de rouge et de bleu. Il est souvent décrit comme un rouge violacé ou un rose intense. Cette couleur est utilisée dans l'impression pour créer une variété de teintes rouges, roses et violettes. La maîtrise du magenta est cruciale pour la reproduction fidèle des tons chair et des couleurs vibrantes. La stabilité du magenta est essentielle pour éviter les dérives colorimétriques au fil du temps. Le magenta est une couleur indispensable pour l'impression de photographies, d'illustrations et de graphiques.

  • Une faible concentration de magenta : permet d'obtenir un rose pâle et délicat.
  • Une concentration plus élevée : génère un rouge vif et éclatant (impression couleur).

Jaune

Le jaune absorbe la composante bleue et réfléchit le rouge et le vert. Son utilisation est essentielle pour la reproduction des teintes jaunes, orangées et de certains verts. Le jaune est la couleur la plus lumineuse des trois et a un impact important sur la luminosité globale de l'image imprimée. Un jaune pur et intense est essentiel pour la création de couleurs vibrantes et réalistes. La transparence du jaune permet de superposer les couleurs et de créer des nuances complexes. Le jaune est un élément clé dans la reproduction des couleurs chaudes, comme le soleil, les fleurs et les fruits. La qualité des encres jaunes a un impact direct sur la luminosité et la vivacité des impressions. Un jaune de haute qualité garantit une résistance à la décoloration et une stabilité colorimétrique à long terme.

Dans la reproduction d'images naturelles, le jaune est essentiel pour la représentation du soleil éclatant, des champs de blé dorés ou des feuilles d'automne aux couleurs flamboyantes. Il est également fréquemment combiné avec le cyan afin d'obtenir des teintes vertes riches et nuancées, allant du vert émeraude profond au vert olive subtil. L'encre jaune doit présenter une stabilité remarquable et une résistance accrue à la décoloration, afin d'assurer une reproduction des couleurs durable et fidèle au fil du temps. La précision de l'impression dépend en grande partie de la qualité et de la stabilité de l'encre jaune utilisée. Le jaune est indispensable pour créer des contrastes et mettre en valeur les détails dans une image imprimée. La calibration précise des imprimantes est cruciale pour garantir une reproduction fidèle des teintes jaunes et éviter les dominantes colorées indésirables.

Le noir (K) : pourquoi et comment ? (le quatrième mousquetaire)

Bien que le mélange des encres cyan, magenta, et jaune devrait théoriquement produire une couleur noire, dans la pratique, cette combinaison aboutit souvent à une teinte plutôt brunâtre, d'un aspect peu esthétique. De plus, l'utilisation de quantités importantes d'encre de couleur peut rendre le processus d'impression excessivement coûteux et prolonger considérablement les délais de séchage. C'est la raison pour laquelle l'encre noire (identifiée par la lettre "K") est ajoutée au modèle CMJN. Son rôle est multiple et son utilisation est optimisée pour des résultats d'une qualité irréprochable. L'ajout du noir améliore considérablement le contraste et la profondeur des images imprimées. L'utilisation stratégique de l'encre noire permet de réduire les coûts d'impression et d'améliorer l'efficacité du processus. La connaissance approfondie du rôle du noir est essentielle pour maîtriser l'impression CMJN.

Pourquoi ajouter du noir ?

L'ajout de l'encre noire permet d'obtenir des noirs beaucoup plus profonds et intenses que ceux résultant du simple mélange des trois couleurs primaires. Il améliore de manière significative le contraste et la netteté des images, en particulier dans les zones les plus sombres. L'utilisation de l'encre noire pour les zones sombres permet de diminuer la quantité d'encre de couleur nécessaire, ce qui se traduit par une économie d'encre et une réduction des coûts d'impression. Plus l'image contient de vastes zones noires, plus l'avantage économique est important. L'utilisation du noir optimise le processus d'impression et réduit l'impact environnemental. Le noir est essentiel pour la reproduction des textes et des graphiques avec une netteté optimale. La qualité de l'encre noire influence directement la profondeur et la richesse des noirs dans une impression.

De plus, l'utilisation d'encre noire réduit la quantité totale d'encre déposée sur le support papier, ce qui accélère considérablement le temps de séchage et diminue le risque de maculage. Dans les zones où la densité d'encre de couleur est élevée, il est possible que le papier se déforme légèrement. En répartissant la charge colorimétrique sur les quatre encres, ce risque est minimisé. L'encre noire peut également améliorer la netteté des détails et atténuer l'apparence du "grain" dans les zones sombres. L'encre noire permet de mieux définir les contours et les lignes fines, améliorant ainsi la précision de l'image. La gestion précise de l'utilisation de l'encre noire est un facteur clé pour obtenir des impressions de qualité professionnelle.

  • Améliorer la profondeur et le contraste (impression couleur de qualité).
  • Économie d'encre (réduction des coûts d'impression CMJN).
  • Optimisation du temps de séchage (impression CMJN efficace).

Des études ont montré que l'utilisation optimisée de l'encre noire peut réduire la consommation d'encre couleur jusqu'à 15%. La réduction du temps de séchage grâce à l'utilisation de l'encre noire peut augmenter la productivité de l'impression jusqu'à 20%. L'utilisation du noir permet d'obtenir une densité optique de 1.8 dans les zones les plus sombres, garantissant des noirs profonds et riches. La plaque de noir représente environ 30% de l'information visuelle dans une impression typique. Les imprimantes modernes utilisent jusqu'à 200 buses par couleur pour une impression précise et rapide.

Comment le noir est utilisé

L'encre noire est utilisée en combinaison avec les encres de couleur pour générer une gamme étendue de teintes et de nuances. Les techniques d'"Undercolor Removal" (UCR) et de "Gray Component Replacement" (GCR) sont employées afin d'optimiser l'utilisation du noir et des encres de couleur. L'UCR consiste à supprimer une portion des encres de couleur dans les zones sombres et à les remplacer par de l'encre noire. Le GCR, quant à lui, consiste à remplacer la composante grise (commune aux trois couleurs primaires) par l'encre noire. Ces techniques, qui sont gérées par des logiciels spécialisés de RIP (Raster Image Processor), permettent de générer une image imprimée d'une qualité optimale. La maîtrise de ces techniques nécessite une expertise technique et une compréhension approfondie du processus d'impression. L'utilisation correcte de l'UCR et du GCR permet d'éviter les problèmes de maculage et de garantir des couleurs vives et précises.

Origine de la lettre "K"

L'origine de la lettre "K" pour désigner l'encre noire dans le modèle CMJN demeure un sujet de débat passionné. Une théorie fréquemment avancée suggère que le "K" provient de l'expression "Key plate", qui désigne la plaque maîtresse utilisée dans le processus d'impression. Une autre théorie propose que le "K" représente "BlacK" afin d'éviter toute confusion potentielle avec la lettre "B" de "Blue" (bleu). Quelle que soit l'origine exacte, la lettre "K" est devenue la norme universellement reconnue pour identifier l'encre noire dans le domaine de l'impression. Dans de nombreux cas, la plaque de noir contient le maximum de détails pour l'impression, justifiant ainsi le terme de "Key Plate". La connaissance de l'origine de la lettre "K" permet de mieux comprendre l'histoire et l'évolution de l'impression CMJN. L'utilisation cohérente de la terminologie CMJN est essentielle pour une communication claire et précise dans le domaine de l'impression.

Impression en tramé : l'illusion de la continuité des couleurs

L'impression en tramé est une technique ingénieuse qui permet de simuler une vaste palette de couleurs en utilisant seulement les quatre encres CMJN de base. Au lieu d'appliquer des aplats de couleurs uniformes, l'impression tramée utilise des points de tailles variables pour créer l'illusion de teintes continues et de dégradés subtils. L'œil humain perçoit le mélange de ces points minuscules comme une couleur unie et homogène. Sans cette technique astucieuse, l'impression de photographies et d'images complexes serait tout simplement impossible. Le tramé est au cœur de la reproduction des couleurs dans l'impression moderne. La maîtrise des techniques de tramé est essentielle pour obtenir des impressions de qualité professionnelle. L'impression tramée permet une flexibilité et une créativité accrues dans le domaine de l'impression couleur.

Explication du tramé

Le principe du tramé consiste à diviser une image en une grille de points extrêmement petits. Chaque point est imprimé avec une taille et une densité d'encre CMJN spécifiques. En modifiant la taille et la densité des points, il est possible de créer l'illusion d'une grande variété de teintes et de nuances subtiles. Plus les points sont grands et rapprochés, plus la couleur apparaîtra sombre et intense. À l'inverse, plus les points sont petits et espacés, plus la couleur semblera claire et délicate. La taille des points est déterminée par la quantité d'encre projetée sur le support, ainsi que par la capacité de l'imprimante à générer des points de différentes dimensions. La précision de la taille des points est essentielle pour une reproduction fidèle des couleurs et des détails. Les imprimantes modernes utilisent des techniques de tramé sophistiquées pour optimiser la qualité d'impression. La technologie du tramé permet de reproduire des images complexes avec une grande fidélité, même avec un nombre limité d'encres. La connaissance des principes du tramé est essentielle pour comprendre comment les couleurs sont reproduites dans l'impression moderne.

La perception des couleurs tramées repose sur une illusion d'optique. À une distance suffisamment grande, l'œil humain est incapable de distinguer les points individuels et les perçoit comme une couleur continue et homogène. C'est pourquoi les images imprimées présentent un aspect différent lorsqu'on les observe de près et de loin. Lorsque les points sont visibles à l'œil nu, l'image peut sembler légèrement granuleuse, mais lorsque les points se fondent ensemble, l'image apparaît lisse, détaillée et continue. L'effet de tramé est optimisé en fonction de la résolution de l'impression et de la distance d'observation. La perception des couleurs est subjective et peut varier en fonction des conditions d'éclairage et des caractéristiques individuelles de chaque observateur.

Fréquence du tramé (lpi)

La fréquence du tramé, mesurée en lignes par pouce (lpi), détermine le nombre de lignes de points par pouce linéaire. Plus la fréquence du tramé est élevée, plus les points sont petits et rapprochés, ce qui permet d'obtenir une image plus détaillée et plus nette. Cependant, une fréquence de tramé trop élevée peut entraîner des problèmes d'impression, tels que le moiré (voir ci-dessous).

La fréquence du tramé est généralement comprise entre 150 et 200 lpi pour l'impression de magazines et de livres. Pour l'impression de journaux, qui utilise un papier de moins bonne qualité, une fréquence de tramé plus basse (environ 85 lpi) est utilisée. Les imprimantes jet d'encre peuvent atteindre des fréquences de tramé très élevées, ce qui permet d'obtenir des impressions de qualité photographique. La fréquence de tramé est liée à la résolution de l'imprimante, exprimée en points par pouce (dpi). Plus la résolution est élevée, plus la fréquence de tramé peut être élevée.

Angle du tramé

Pour éviter le phénomène de moiré, chaque couleur (CMJN) est imprimée avec un angle de tramé différent. Le moiré est un motif indésirable qui apparaît lorsque les trames de différentes couleurs se superposent de manière incorrecte. Les angles de tramé typiques sont : 15 degrés pour le cyan, 75 degrés pour le magenta, 0 degrés pour le jaune et 45 degrés pour le noir.

Ces angles ont été choisis pour minimiser l'apparence du moiré et pour assurer une reproduction des couleurs harmonieuse. Le jaune étant la couleur la moins visible, elle est souvent placée à 0 degrés. Le noir, étant la couleur la plus dominante, est placée à 45 degrés pour minimiser son impact sur les autres couleurs. Les angles de tramé peuvent être ajustés en fonction du type d'image et du type de papier utilisé. La création d'une moiré dépend aussi de la qualité des encres utilisées.

Défis et limitations du modèle CMJN

Bien qu'il soit largement utilisé, le modèle CMJN présente certaines limitations qu'il est important de connaître. La gamme de couleurs reproductible, l'influence du support et la nécessité de calibrage sont les principaux facteurs qui peuvent affecter la qualité finale d'une impression. Bien que le modèle CMJN soit performant, certains problèmes peuvent survenir.

Gamme de couleurs (gamut) limitée

Le modèle CMJN ne peut pas reproduire toutes les couleurs visibles par l'oeil humain. Sa gamme de couleurs (gamut) est plus restreinte que celle du modèle RVB, utilisé par les écrans. Cela signifie que certaines couleurs vives, en particulier les verts et les bleus intenses, ne peuvent pas être reproduites fidèlement en CMJN. Ces couleurs seront "tronquées" et apparaîtront plus ternes à l'impression. Cette limitation est due aux propriétés physiques des encres CMJN, qui ne peuvent pas absorber et réfléchir la lumière avec une précision parfaite.

En pratique, cela signifie que les images qui contiennent des couleurs vives et saturées peuvent perdre de leur éclat lors de la conversion en CMJN. Les designers et les photographes doivent en être conscients et adapter leurs créations en conséquence. Des techniques telles que l'utilisation de couleurs d'accompagnement (Pantone) ou l'impression hexachromie peuvent être utilisées pour étendre la gamme de couleurs reproductibles.

Influence du support

Le type de papier utilisé a une influence significative sur la fidélité des couleurs. Le papier couché (brillant ou mat) offre généralement une meilleure reproduction des couleurs que le papier non couché, car il a une surface plus lisse qui permet à l'encre de se déposer de manière plus uniforme. Le papier non couché, en revanche, a une surface plus poreuse qui absorbe davantage l'encre, ce qui peut entraîner une perte de saturation et de netteté.

De plus, la blancheur du papier a également un impact sur la perception des couleurs. Un papier plus blanc donnera des couleurs plus vives et plus éclatantes, tandis qu'un papier moins blanc donnera des couleurs plus ternes. Il est donc important de choisir le bon type de papier en fonction du type d'image à imprimer et de l'effet recherché. Le choix du papier fait partie intégrante du processus d'impression et contribue à la qualité finale du résultat.

Calibrage des écrans

Les couleurs affichées sur un écran (RVB) peuvent différer significativement des couleurs imprimées (CMJN) si les écrans ne sont pas calibrés correctement. Le calibrage d'un écran consiste à ajuster ses paramètres (luminosité, contraste, température de couleur) pour qu'il affiche les couleurs de manière précise et cohérente. Un écran mal calibré peut afficher des couleurs trop vives, trop ternes, trop chaudes ou trop froides, ce qui peut induire en erreur les designers et les photographes lors de la préparation des images pour l'impression.

  • Moiré
  • Banding
  • Sous-encrage ou sur-encrage

Au-delà du MCJN : options et alternatives

Bien que le modèle CMJN soit le plus couramment utilisé, il existe d'autres options et alternatives pour la reproduction des couleurs. Les couleurs Pantone, l'impression hexachromie et l'impression en continu sont quelques exemples de techniques qui permettent d'étendre la gamme de couleurs reproductibles et d'obtenir des résultats plus précis.

Pantone (couleurs d'accompagnement)

Les couleurs Pantone sont des couleurs normalisées et référencées par un numéro unique. Elles sont utilisées pour garantir une reproduction précise des couleurs spécifiques, telles que les logos et les couleurs de marque. Contrairement au CMJN, qui simule les couleurs en utilisant des trames, les couleurs Pantone sont imprimées avec une encre de couleur unique, ce qui permet d'obtenir une couleur plus pure et plus précise.

Encres métalliques et fluorescentes

Les encres métalliques (or, argent, bronze) et fluorescentes permettent de créer des effets visuels particuliers qui ne peuvent pas être reproduits avec les encres CMJN traditionnelles. Les encres métalliques contiennent des pigments métalliques qui réfléchissent la lumière, ce qui leur donne un aspect brillant et scintillant. Les encres fluorescentes contiennent des pigments qui absorbent la lumière ultraviolette et la réémettent dans le spectre visible, ce qui leur donne un aspect très lumineux et coloré.

Impression hexachromie (CMJN + orange + vert)

L'impression hexachromie est une technique qui utilise six encres (CMJN + orange + vert) pour étendre la gamme de couleurs reproductibles. L'ajout des encres orange et verte permet de reproduire des couleurs plus vives et plus saturées, en particulier dans les tons de vert et d'orange, qui sont difficiles à reproduire avec le CMJN traditionnel. L'impression hexachromie est plus complexe et plus coûteuse que l'impression CMJN, mais elle permet d'obtenir des résultats de qualité supérieure.

Applications pratiques et astuces pour l'utilisateur

La connaissance du modèle CMJN peut être utile dans de nombreuses situations pratiques, que ce soit pour la préparation d'images pour l'impression, le choix du bon profil colorimétrique ou l'optimisation des réglages de son imprimante à domicile.

Choisir le bon profil colorimétrique

Un profil colorimétrique est un fichier qui contient des informations sur les caractéristiques colorimétriques d'un appareil (écran, imprimante, scanner). Il permet de convertir les couleurs d'un espace colorimétrique à un autre (par exemple, du RVB au CMJN) de manière précise et cohérente. Il est essentiel de choisir le bon profil colorimétrique en fonction du type d'appareil utilisé et du type de papier à imprimer. Un profil colorimétrique incorrect peut entraîner des erreurs de couleur et une perte de fidélité.

Préparation des images pour l'impression

Avant d'imprimer une image, il est important de la préparer correctement. Cela implique de vérifier sa résolution, de la convertir en CMJN, de régler ses couleurs et de la recadrer si nécessaire. Une image trop basse résolution apparaîtra floue à l'impression, tandis qu'une image trop haute résolution sera inutilement volumineuse. La conversion en CMJN doit être effectuée avec soin pour éviter une perte de couleurs. Les réglages de couleur doivent être effectués en tenant compte des caractéristiques du papier et de l'imprimante utilisée.

Astuces pour l'impression à domicile

Même avec une imprimante à domicile, il est possible d'obtenir des résultats de qualité en suivant quelques astuces simples. Il est important de choisir le bon type de papier, de régler les paramètres de l'imprimante (qualité d'impression, type de papier, profil colorimétrique) et de nettoyer régulièrement les têtes d'impression. Il est également conseillé d'utiliser des cartouches d'encre de qualité et de ne pas imprimer en mode brouillon si l'on souhaite obtenir des couleurs vives et nettes.